«Freedom House» de Chedly Arfaoui : Immersion parodique

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La-Femme (Freedom House) – Entamer le mois d’août sur du théâtre, c’est l’idée qu’a eu le comité d’organisation de la 54ème édition et pas des moindre. La dernière création de Chedly Arfaoui a fait sensation au cours de l’année précédente. ChekraRammeh, MounaTalmoudi, Abdelkader ben Said et Mohamed HassineGrayaa ont unanimement conquis un public présent lors d‘une soirée théâtre. Osciller entre sourires, rires et moments forts, la représentation fut un ascenseur émotionnel…

Ayant pour thème la Tunisie postrévolutionnaire, l’œuvre est composée de diverses scènes rassemblant des protagonistes, non moins charismatiques : des soldats, des prostitués ou encore des soldats combattantes engagées dans la lutte contre l’insécurité. La mise en scène est parodique, burlesque à souhait … réalisée sur un fond sonore attrayant.

La pièce a été donnée devant un théâtre plein-air comble, composé de spectateurs tout public, âgé de 7 à 77 ans. Elle est amplement portée par ses personnages. Leurs interprétations n’ont pas laissé indifférent : ChekraRammeh et MounaTalmoudi, tantôt en soldat tantôt en prostituées, quittant un cabaret et se retrouvant face à une foule de soldats, et Grayaa, soldat caduque, bavard et sa troupe tiennent les rênes de la création …

L’intrigue tourne autour d’un général et de ses trois hommes qui forment le « Freedom House » et qui ont pour mission de maintenir l’ordre après un coup d’Etat. La scène est plongée dans l’obscurité et dans une fumée, génératrice de peur-panique et d’une atmosphère chaotique. Des lampes éparpillées sur scène, et de longs fils accrochés, éveillent curiosité auprès des spectateurs avant même le  commencement de la pièce. Une ambiance qui nous replonge dans la révolution tunisienne de 2011. Entre euphorie libératrice et peur étouffante, les personnages transmettent joie, frustration, peur … autant d’émotions possibles, dans 4 à 6 scènes successives où l’humour finit par prendre le dessus. Les faits sont incontestablement inspirés de faits réels, vécus par le peuple tunisien, quelques années auparavant : ils évoquent terroristes qui s’entrainent dans la montagne, citoyens gardiens de leurs quartiers ou encore biens publics ou privés saccagés, un hymne à la révolution était bel et bien entrain de prendre forme au fur à mesure de la pièce.

La création dénonce les fausses promesses des politiciens, l’instabilité régnante et ses personnages aspirant à une utopie inaccessibles ou même nostalgiques par moment. Entre piques humoristiques et réflexions moroses, une prise de conscience de la part du public et aussitôt acquise : celle qui dit à quel point la frontière entre dictature et démocratie demeure si fine.

Carlos Nunez et sa musique celtique nous donne rendez-vous dans la soirée du 2 aout au théâtre plein-air de la ville pour une évasion musicale assurée. L’artiste est un instrumentaliste par excellence maniant différents instruments peu connus comme la cornemuse galicienne, la Galta, et surtout les flûtes. Moment magique en perspective.

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