Simone Veil n’est plus ! Une femme d’exception qui plaçait le féminisme au cœur de son engagement

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  • Simone Veil, une femme d’exception et de conviction
  • Ministre de la Santé, elle quitte le gouvernement en 1979 pour être élue députée européenne
  • Première femme présidente du Parlement européen (1979-1982)
  • Première femme ministre d’État (1993-1995),
  • Membre du Conseil constitutionnel (1998-2007)

La-Femme (Simone Veil n’est plus) – Une femme au chignon bien ordonné, dans un chemisier bleu nuit, un collier de perles autour du cou, s’exprime dans l’écrin de velours qu’est l’hémicycle du Palais-Bourbon. Nous sommes en novembre 1974 et Simone Veil défend avec sa «conviction de femme», devant cette «assemblée presque exclusivement composée d’hommes », sa loi dépénalisant l’IVG.

S’il est une image qu’on retiendra de Simone Veil, décédée ce vendredi à 89 ans, c’est bien celle-là : une femme portant à bout de bras une des réformes de société les plus importantes de la Ve République.

Rescapée des camps de concentration

Avec sa loi, finalement adoptée en janvier 1975, elle écrit sa part d’histoire de France, trente ans après l’avoir traversée de la plus cauchemardesque des façons. En 1944, Simone Jacob a 16 ans quand elle se fait arrêter, à Nice, par la Gestapo. Elle est déportée à Drancy puis à Auschwitz-Birkenau, où elle reçoit le matricule 78651. A la Libération, Simone Jacob a perdu la moitié de sa famille : seules ses sœurs Madeleine, rescapée comme elle des camps, et Denise, résistante, ont survécu. Sa mère, son père et son frère ne sont jamais revenus de déportation.

Après des études de droit, Simone Jacob, qui a épousé en 1946 Antoine Veil, rencontré à Sciences Po, entame une carrière de magistrate. En 1974, le Premier ministre Jacques Chirac  insiste pour que Valéry Giscard d’Estaing  fasse d’elle sa ministre de la Santé. C’est ainsi qu’elle fera passer, au terme d’orageux débats, la loi dépénalisant l’IVG, avant de quitter le gouvernement en 1979, date à laquelle elle est élue députée européenne. Première femme présidente du Parlement européen (1979-1982) puis première femme ministre d’Etat (1993-1995), Simone Veil place le féminisme au cœur de son engagement.

Immortelle depuis 2007

Elle est nommée membre du Conseil constitutionnel en 1998, où elle siège jusqu’en 2007, sortant toutefois de son devoir de réserve pour soutenir Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. Cette même année, paraît son autobiographie, Une vie, où elle livre pour la première fois les ressorts de ses engagements, pour l’Europe, la paix, l’égalité entre les sexes. «Avec l’âge, je suis devenue de plus en plus militante de la cause des femmes», écrit-elle. «Paradoxalement peut-être, là aussi, je m’y sens d’autant plus portée que, ce que j’ai obtenu dans la vie, je l’ai souvent obtenu précisément parce que j’étais une femme».

Retirée de la vie politique, ses apparitions publiques se raréfient. On la retrouve toutefois dans la rue, en janvier 2013, pour manifester aux côtés des opposants au mariage pour tous. Elle quitte la vie publique après le décès de son mari en avril 2013. Elle qui caracole en tête dans les enquêtes de popularité depuis des années est aussi une Immortelle. Elue à l’Académie française en 2008, elle a reçu deux ans plus tard son épée d’académicienne, dont la lame est gravée de son numéro de déportée.

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