Abdellatif Khamassi : « L’enseignement privé n’est pas une menace pour l’enseignement public »

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La-Femme – Depuis sa création, l’Union tunisienne des institutions privées de l’éducation, l’enseignement et la formation (UTIPEF) ne cesse de redoubler d’efforts pour s’imposer comme un nouvel interlocuteur fort qui non seulement représente les établissements de l’enseignement privé en Tunisie, mais aussi comme un intermédiaire qui pourra proposer des solutions efficaces aux problèmes que rencontre le secteur.

Dans ce cadre, les responsables de l’Union multiplient les réunions avec les fondateurs et directeurs des établissements de l’enseignement privé dans diverses régions du pays allant du Sud au Nord en n’oubliant aucune région concernée, pour les sensibiliser sur la crise qui touche le secteur et les inciter à intégrer cette nouvelle structure  afin de la fortifier pour défendre au mieux les intérêts communs.

Après Gafsa, Gabès, Sfax et Sousse, le bureau exécutif de l’UTIPEF, à sa tête M. Khamassi, a organisé dernièrement une grande réunion à Ben Arous en présence des autorités, des hauts responsables concernés, et des propriétaires des établissements privés afin de faciliter le dialogue et d’entamer des débats fructueux.

Nous avons saisi cette occasion pour interviewer le fondateur et Président de l’UTIPEF, M. Abdellatif Khamassi.

Après votre retrait de la Chambre Nationale de l’Enseignement Privé de l’UTICA (Union Tunisienne de l’Industrie du Commerce et de l’Artisanat), vous avez créé cette nouvelle structure syndicale qui s’appelle l’Union tunisienne des institutions privées de l’éducation, de l’enseignement et de la formation (UTIPEF). Pourquoi avez-vous pris ces décisions ?

La création de l’UTIPEF s’est imposée comme une évidence. Un retour aux sources après tant d’années est devenu une nécessité. Nous faisions tous partis de la CNEP (Conseil National de l’Enseignement privé) avant, puis nous avons intégré l’UTICA.  Nous la remercions, d’ailleurs, de nous avoir accueillis durant toutes ces années. Mais réunir les hommes d’affaires et les professionnels de l’enseignement a longtemps été une erreur. Les premiers n’ayant pas les mêmes centres d’intérêt que les seconds. Il était évident que les professionnels de l’enseignement puissent se joindre à une structure qui réponde au mieux à leurs besoins et soit à l’écoute de leurs doléances.

Qui constituent l’UTIPEF ?

Notre structure est ouverte aux différents établissements privés de l’éducation, de l’enseignement et de la formation, à savoir les jardins d’enfants, les instituts de l’enseignement de base, de l’enseignement secondaire, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle, dont les propriétaires désirent unifier leurs efforts pour défendre les intérêts du secteur.

Vous avez déclaré que l’avenir de l’enseignement en Tunisie ne peut se faire sans le privé. Comment voyez-vous cela ?

L’enseignement public a fait ses preuves et continue de les faire, mais il est évident que l’enseignement privé est indispensable de nos jours, compte tenu des attentes des parents et le nombre croissant des jeunes. Aujourd’hui, il est de notre devoir d’améliorer la qualité de l’enseignement afin d’avancer positivement pour former les générations futures.

Depuis les jardins d’enfants jusqu’à la formation professionnelle, il est primordial de créer un dialogue et une passerelle avec les autorités et de réfléchir ensemble aux solutions pour assurer la meilleure formation possible des futurs cadres en créant des compétences et participer ainsi au développement du pays.

Pour moi et ceux qui veulent intégrer l’Union, il est plus qu’urgent de donner de l’importance à l’éducation. Un pays qui n’accorde pas d’importance à l’éducation des jeunes est voué à la déchéance, car ce sont les jeunes qui participent à l’amélioration d’un pays.

En ce sens, les parents ont aussi le droit d’aspirer à la meilleure formation qui consolide les chances d’employabilité et d’intégration de leurs enfants dans le monde professionnel. Nous sommes tous concernés par cela aussi bien dans le public que dans le privé.

Certains voient en l’enseignement privé une menace pour l’enseignement public ? Qu’en pensez-vous ?

Cela rentre dans le cadre d’une campagne orchestrée pour diaboliser l’enseignement privé. Avec 150 mille élèves ou étudiants, l’enseignement privé ne concurrence nullement le public avec ses 2,5 millions d’inscrits. Et comme je l’ai clamé haut et fort à plusieurs reprises, l’enseignement public et l’enseignement privé doivent conjuguer leurs efforts pour assurer une meilleure qualité de la formation.

Vous ne pouvez tout de même pas nier que la qualité de la formation assurée par certains lycées ou facultés privés, laissent à désirer et que la multiplication disproportionnée de certaines écoles privées comme les écoles d’ingénieurs a débouché sur un grand nombre de diplômés chômeurs ?

Justement, l’un des objectifs de l’UTIPEF est de combattre les dépassements pour assurer une meilleure qualité de formation. Nous aspirons de tout cœur avec l’aide des Ministères de tutelle, à mettre de l’ordre dans le secteur, avec notre volonté et nos propres moyens. Nous avons proposé une série de mesures visant à promouvoir la formation, tant publique que privée et nous appelons à appliquer les mêmes critères de qualité à tous.

Nous voulons coordonner avec le gouvernement pour évaluer les besoins du pays en formation, pour donner plus de chances de travail aux jeunes diplômés.

Bref, l’UTIPEF aura pour objectif de faire de l’enseignement et de la formation privés un véritable vecteur de réussite en Tunisie et ainsi, contribuer au développement de la Tunisie de demain.

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