Journées du théâtre de la Cité : Nawarat Al Jourdoun de Salma Boukef et Abdel Monem Chouayet

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La-Femme – La deuxième soirée des journées du théâtre de la Cité qui se tiennent du 27 mars au 2 avril au théâtre des régions à la Cité de la culture a été superbement agrémentée par la représentation « Nawaret El Jardhoun »une  pièce hors du commun eu égard à la richesse de son style qui allie l’image, le son, la danse, dans une subtile dramaturgie où le décor est plus que minimaliste. La pièce débute avec un rythme lent, un discours saccadé, des  phrases confuses prononcées par Charlie Goordon, un personnage abruti, à peine présent sur scène. Un écran déroule son discours qui se révèle délirant, incompréhensible, avec des mots incomplets, cassés…

L’ambiance est à la déprime sur  une scène chargées d’obstacles que le personnage se doit de surmonter pour pouvoir évoluer. Le rythme s’accélère, le délire du personnage et sa confusion aussi. La trame de la pièce se dessine peu à peu pour donner forme à un homme en détresse psychologique, emprisonné dans son univers d’idiot, tenant  quotidiennement et par obligation médicale, un rapport sur l’état de sa santé mentale. Deux médecins chercheurs font leur apparition à travers son récit d’un homme en quête d’intelligence afin de reprendre un travail perdu car inapte.

Strauss et Nemur, ses deux médecins s’acharnent au point de lui faire subir une intervention chirurgicale dans le but de lui restituer cette matière grise qui lui fait défaut. Incarné par Monem Chouayet, l’idiot devient un vrai cobaye qui passe  ses jours avec « Algérnon », une souris de laboratoire avec laquelle il partage le même destin. Elle aussi avait subi le même acte chirurgical pour le même objectif. La souris, dans la peau d’une frêle ballerine se déplace sur scène avec agilité en se faufilant à travers le labyrinthe dressé par les chercheurs pour mesurer le Qi des deux cobayes. Et c’est à partir de cet instant que le personnage se délivre de son mal pour découvrir l’étendue de son ignorance et se lancer dans une course effrénée de réappropriation de l’esprit qui constitue le passeport de la normalité.

Mais dans cette course à la réinsertion sociale et professionnelle, Charlie, l’idiot, perd sa spontanéité et  sa naïveté, avec elles, ses amis. Mais la souris fini par mourir et avec sa mort, l’espoir de Charlie s’évanouit. Cette pièce adaptée « Des fleurs pour Algernon » de l’américain Daniel Keyes traite des rapports interpersonnels dans une société uniformisée où les singularités sont vouées à la disparition. Il s’agit d’un manifeste d’humanisme où la volonté de vivre triomphe malgré toutes les vicissitudes. Une invite à la réflexion qui finit par une révérence à la vie,  à travers la métaphore : « des fleurs pour Algernon ».

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