Une enquête révèle qu’un Africain sur quatre verse des pots-de-vin pour avoir accès à des services

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La-Femme (verse des pots-de-vin pour avoir accès à des services) – La 10e édition du Baromètre mondial de la corruption (BMC) – Afrique, publiée à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption par Transparency International en partenariat avec Afrobaromètre, révèle que plus de la moitié de tous les citoyens interrogés dans 35 pays d’Afrique estiment que la corruption empire dans leur pays. Cinquante-neuf pour cent des personnes interrogées sont d’avis que leur gouvernement n’appréhende pas la lutte contre la corruption comme il le faudrait.

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Dans le cadre de cette enquête, l’enquête la plus importante et la plus détaillée sur le regard que les citoyens portent sur les pots-de-vin et les autres formes de corruption en Afrique, 47 000 citoyens de 35 pays ont été interrogés vis-à-vis de l’image qu’ils ont de la corruption et de leur expérience personnelle quant au versement de pots-de-vin.

Les résultats montent que plus d’une personne sur quatre ayant eu accès à des services publics, comme des soins de santé ou des services d’enseignement, a versé un pot-de-vin au cours de l’année écoulée. C’est l’équivalent d’environ 130 millions de personnes.

Le rapport met également en lumière le fait que la corruption touche de manière disproportionnée les personnes les plus vulnérables, et notamment que les plus pauvres versent des pots-de-vin deux fois plus souvent que les plus riches. Les jeunes versent plus de pots-de-vin que les personnes de plus de 55 ans.

«La corruption entrave le développement économique, politique et social de l’Afrique. Elle constitue un obstacle majeur à la croissance économique, à la bonne gouvernance et aux libertés fondamentales, comme la liberté d’expression ou le droit des citoyens de demander des comptes à leur gouvernement», explique Patricia Moreira, directrice générale de Transparency International. «Les gouvernements ont beaucoup de travail à faire pour regagner la confiance de leurs citoyens et pour réduire la corruption, mais ces éléments n’évoluent pas en vase clos. La corruption étrangère et le blanchiment d’argent détournent des ressources essentielles destinées aux services publics et ce sont les citoyens ordinaires qui en souffrent le plus».

La police est considérée comme étant l’institution la plus corrompue. Quarante-sept pour cent (47 %) des personnes interrogées estiment que la majeure partie, voire la totalité, des policiers sont corrompus. Un grand nombre de citoyens estiment que les représentants du gouvernement et les parlementaires sont fortement corrompus, pour 39 % et 36 % des personnes interrogées, respectivement.

Comme dans l’édition précédente du BMC pour l’Afrique, la police détient invariablement le record du taux de corruption le plus élevé sur le continent. Il s’agit peut-être de l’une des raisons pour lesquelles les deux tiers des personnes interrogées ont peur des répercussions s’ils viennent à signaler des cas de corruption. Sur une note plus positive, plus de la moitié des citoyens estiment que les gens normaux peuvent faire la différence dans le combat contre la corruption.

«Pour alléger le fardeau de la corruption qui pèse sur les gens ordinaires, les états africains qui ne l’ont pas encore fait devraient ratifier et mettre en œuvre la Convention de l’Union africaine pour la prévention et la lutte contre la corruption (African Union Convention to Prevent and Combat Corruption)», a ajouté Paul Banoba, conseiller régional pour l’Afrique de l’Est de Transparency International. «Les Africains sont convaincus qu’ils peuvent faire une différence. Les gouvernements doivent leur en laisser la possibilité».

Transparency International incite les gouvernements à concrétiser leurs engagements en matière de lutte contre la corruption et à :

  • enquêter, poursuivre et sanctionner tous les cas de corruption signalés, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, sans exception ;
  • élaborer des normes et des lignes directrices minimales en matière d’approvisionnement éthique et mettre en place de solides pratiques d’approvisionnement sur l’ensemble du continent grâce à la formation, à la surveillance et à la recherche ;
  • adopter des pratiques de passation de marchés ouverts, qui rendent les données et la documentation plus claires et plus faciles à analyser et garantissent la transparence des procédures de recrutement ;
  • créer des mécanismes pour recueillir les plaintes des citoyens et renforcer la protection des dénonciateurs afin que les citoyens puissent signaler les cas de corruption sans crainte de représailles ;
  • permettre aux médias et à la société civile de demander des comptes aux gouvernements ;
  • soutenir la transparence du financement des partis politiques ; et
  • permettre la coopération transfrontalière pour lutter contre la corruption.

Les autorités devraient également établir des registres publics qui publient les noms les propriétaires des sociétés fictives et adopter et appliquer des lois sur les avoirs volés.

En outre, les chefs d’entreprise et les conseils d’administration des entreprises, y compris les multinationales opérant en Afrique, devraient appliquer de manière efficace et transparente les normes internationales les plus strictes en matière de lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux.