Alerte au Liban : une pénurie de carburant aggravée par au moins 20 morts et plusieurs blessés dans l’explosion d’un camion-citerne (détails)

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La-Femme (explosion d’un camion-citerne au Liban) – crise économique sans précédent, pandémie, pénurie de carburant… et voilà que l’explosion d’un camion-citerne vienne mettre le feu aux poudres dans cette calamiteuse situation libanaise.

L’explosion s’est produite dans la région du Akkar, dans le nord du pays, selon la Croix-Rouge libanaise et les médias officiels.

«Nos équipes ont évacué 20 cadavres et plus de 7 blessés depuis le lieu de l’explosion d’un camion-citerne au Akkar vers les hôpitaux de la région», a indiqué la Croix-Rouge sur Twitter, précisant que 79 personnes avaient été blessées.

  • Lagence nationale d’information (ANI, officielle) a indiqué qu’un camion-citerne que l’armée avait confisqué avait explosé, après des heurts entre des résidents qui s’étaient attroupés autour pour se procurer de l’essence. L’armée n’était pas présente sur les lieux quand l’explosion s’est produite.

Au moins sept corps et des dizaines de personnes brûlées ont été transférés dans un hôpital d’Akkar, selon des témoins sur place.

Les corps sont si carbonisés qu’on ne peut pas les identifier. L’hôpital a dû refuser la plupart des blessés n(étant pas équipé pour soigner les grands brûlés. Certains ont été emmenés à 25 km de là à l’hôpital Al-Salam à Tripoli, le seul équipé dans la région pour prendre en charge les brûlés.

L’ancien Premier ministre Saad Hariri a comparé l’explosion à celle qui a ravagé le port de Beyrouth il y a un an, tuant plus de 200 personnes et détruisant des pans entiers de la capitale.

«Le massacre du Akkar n’est pas différent du massacre du port», a-t-il écrit sur Twitter. «Si ce pays respectait son peuple, ses responsables démissionneraient, du président jusqu’à la toute dernière personne responsable de cette négligence», a-t-il ajouté.

Le Liban traverse depuis fin 2019 l’une des pires crises économiques au monde depuis 1850, selon la Banque mondiale, et connaît d’importantes pénuries de carburants qui affectent l’approvisionnement en biens de première nécessité.

Samedi, le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé avait refusé de revenir sur une récente décision de lever les subventions sur les carburants, qui fait craindre une flambée des prix.

«Je ne reviendrai pas sur (la décision de) lever des subventions sur les carburants à moins que l’usage des réserves obligatoires (de devises) ne soit légalisé», a-t-il déclaré au micro d’une radio locale.

«Nous disposons encore de 14 milliards de dollars de réserves (obligatoires), en plus de 20 milliards de dollars d’actifs externes», a-t-il précisé. Les réserves en devises de la BDL dépassaient 30 milliards de dollars avant la crise.

Les réserves de la BDL ont fondu tandis que la livre libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur face au dollar, rendant les coûts d’importation plus onéreux. Le billet vert s’échange aujourd’hui sur le marché noir à plus de 20 000 livres, contre un taux officiel toujours maintenu à 1507 livres.

«Désastre imminent» 

Plusieurs établissements ont dû fermer leurs portes, faute de diesel pour alimenter les générateurs privés, tandis que les pannes de courant culminent à plus de 22 heures par jour.

L’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth (AUBMC), un des principaux hôpitaux privés du pays, a mis en garde samedi contre un «désastre imminent», se disant contraint de cesser ses activités dans les 48 heures s’il n’obtient pas de carburant.

«Quarante malades adultes et 15 enfants, sous respirateurs, mourront dans l’immédiat», s’alarme le AUBMC dans un communiqué. «180 personnes souffrant d’insuffisance rénale mourront intoxiquées après quelques jours […] Plusieurs centaines de malades de cancer, adultes et enfants, décèderont dans les semaines qui viennent.»

Essence saisie 

Des queues interminables se sont formées samedi devant des stations d’essence tandis que des camions de distribution de carburant étaient pris d’assaut par des citoyens en colère, selon des médias locaux.

Certaines stations-service ont fermé pour conserver du stock de carburant en attendant une nouvelle hausse des prix.

Des soldats déployés en masse aux stations d’essence, ont essayé de rationnaliser le carburant au nord de Beyrouth et ailleurs.

L’armée a dit avoir saisi plus de 78 000 litres d’essence stockés dans deux stations-service ainsi que 57 000 litres de diesel dans une troisième dans l’est du pays.

Elle a partagé des images sur les réseaux sociaux montrant des soldats remplissant eux-mêmes les réservoirs des véhicules.

Les forces de sécurité intérieures (FSI) ont aussi affirmé avoir saisi des milliers de litres d’essence et de diesel stockés dans une station-service.

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