La réduction des risques nouvelle voie inclusive pour la santé publique

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La Femme (santé publique) – S`il est, depuis des décennies, à l`origine de plusieurs politiques publiques de lutte contre les drogues, le tabagisme, l’alcool ou encore des maladies, la réduction des risques mérite d`être examinée par les pouvoirs sanitaires en tant que nouvelle alternative plus inclusive. Selon « Harm Reduction International », la réduction des méfaits fait référence à l’origine aux politiques, programmes et pratiques qui visent à minimiser les impacts sanitaires, sociaux et juridiques négatifs associés à la consommation de produits illicites, tabac, alcool ou encore à des comportements à risques… aux politiques et aux lois y afférents. Le concept se concentre sur le changement positif et sur le travail avec les personnes « sans jugement, coercition, discrimination ou sans exiger qu`elles arrêtent leur comportement comme condition préalable de soutien », un point fondamental dans cette philosophie qui ne verse pas dans l`interdiction comme seule méthode de sevrage. « Harm Reduction International », qui se base sur les résultats d`années de travail sur la santé publique et les droits de l’homme, précise que la réduction des méfaits englobe une gamme de services et de pratiques de santé et sociaux qui s’appliquent aux consommations de drogues, cigarettes, alcool, maladies et tout comportement addictif engendrant des risques pour la santé.

Toujours selon l`organisme, les politiques et les pratiques de réduction des méfaits s’appuient sur un solide ensemble de preuves qui montrent que les interventions sont pratiques, réalisables, efficaces, sûres et rentables dans divers contextes sociaux, culturels et économiques.

La plateforme francophone de mobilisation citoyenne contre le tabagisme « Génération sans Tabac » rappelle, de son côté que la réduction des risques en addictologie trouve ses origines en Grande Bretagne où, dès 1926, le traitement des usagers d`héroïne admet que réduire les risques liés à la consommation peut constituer une autre option que la seule abstinence. Elle souligne enfin que « les spectaculaires régressions des surdoses et des infections au VIH, tout comme la meilleure adhésion des patients aux protocoles thérapeutiques, vont fortement crédibiliser l`approche de la réduction des risques et contribuer à son extension à d`autres pans de l`addictologie ». «Harm Reduction International » affirme que l`objectif derrière l`adoption de la notion de réduction des risques dans les politiques publiques est de « garder en vie les gens et d`encourager des changements positifs dans leur vie ».

Les approches de réduction des méfaits sont facilitatrices plutôt que coercitives et visent à renforcer un changement positif dans la vie d’une personne, aussi minime ou incrémentiel que ce changement puisse être » note l`organisme. Elles visent à diminuer les méfaits en donnant aux usagers des conseils pratiques et des moyens concrets pour diminuer les risques spécifiques de leur consommation », précisent les auteurs. Pour Martine Lacoste, directrice générale de l`association Clémence-Isaure et vice-présidente de la Fédération Addiction, les progrès rendus possibles depuis vingt ans par la réduction des risques résultent d`un double abandon : celui de l`abstinence comme seul modèle des pratiques de soin et de prévention, et celui d`une éradication comme condition du « vivre ensemble ». Martine Lacoste évoque « l`équilibre entre plaisir, risque et souffrance » soulignant que la réduction des risques se déploie dans toutes les pratiques de soins, d`insertion, de médiation sociale et de prévention, quels que soient les produits et les comportements, « ouvrant ainsi une nouvelle étape de son histoire, celle où elle contribue à « ouvrir l`offre » pour « ouvrir l`accès » au plus grand nombre, autant aux soins qu`aux usages régulés, tenant compte d`une société addictogène ».

La nicotine n`est pas la cause des maladies, ce sont en effet les autres éléments chimiques qui entrent en combustion qui sont à incriminer. Pour les auteurs Grégory Pfau et Alain Morel, qui ont participé dans l’écriture de l’ouvrage « L’aide-mémoire de la réduction des risques en addictologie », la réduction des risques face au tabac appelle à trouver le plus tôt possible « une alternative à la voie fumée, est donc le moyen le plus efficace de diminuer les risques. Réduire les risques liés à la consommation de tabac revient donc à arrêter de consommer du tabac ou, lorsque ce n’est pas possible, de consommer du tabac sans combustion ou simplement de la nicotine ». Les preuves indiquent que les fumeurs de cigarettes à combustion qui passent complètement à d’autres alternatives moins nocives réduiront les expositions toxiques, ce qui entraînera probablement moins de risques de maladies liées au tabac, ont-t-ils souligné.

Dee nombreux chercheurs et scientifiques soutiennent cette approache qui confirment que les alternatives à la cigarette combustible pourraient servir de méthode de sevrage et réduction des risques tabagiques.