L’Ooredoo Média Club met en débat les problématiques des médias tunisiens

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  • Objectif : Trouver des solutions aux problématiques des médias tunisiens afin d’offrir aux citoyens un contenu de qualité et des informations correctes contrôlées par une instance d’autorégulation

La-Femme – Dans le cadre de ses activités, l’Ooredoo Média Club (OMC), qui permet et facilite dans la convivialité, le partage de connaissances, d’opinions et d’informations, et ce, en toute neutralité et dans le respect de la déontologie, vient d’organiser le 22 septembre 2016 à Tunis, un déjeuner débat  sur les problématiques actuelles des médias tunisiens.

Ce débat a réuni, en plus des journalistes membres du Club, le chargé de la communication au sein de la présidence du gouvernement Mofdi Mseddi, du président de la fédération des directeurs des journaux Taieb Zahar, du directeur exécutif du syndicat Tunisien des directeurs de médias Radhoune Charfi et d’un nombre appréciable de directeurs de médias.

Ouvrant le débat, le chercheur en sciences de l’information et de la communication Mohamed Chelbi a d’emblée exposé, les principales problématiques dont souffrent les médias tunisiens et qui sont en rapport avec l’absence d’une instance d’autorégulation du corps de métier. Une instance d’autorégulation qui doit émaner essentiellement des journalistes et des éditeurs. Mohamed Chelbi a expliqué la différence entre autorégulation et régulation (HAICA) en se référant à quelques expériences dans des pays européens.

Déontologie et Autorégulation

Mohamed Chelbi a indiqué au cours de son intervention que les problèmes inhérents aux médias tunisiens, tels que les difficultés en matière de ventes, la rareté des lecteurs, les polémiques partisanes au sein des médias, le manque de professionnalisme des journalistes, l’intervention de l’État, etc. sont dus à l’absence d’un conseil de presse, instance incontournable dans toute démocratie.

La création d’un conseil de presse est une condition nécessaire, mais insuffisante a démontré le chercheur Chelbi. Deux autres outils sont nécessaires, a-t-il indiqué, qui sont l’autorégulation interne et la promotion de la pratique des « médias à responsabilité sociale », connue sous l’acronyme M*A*R*S, pour sous-tendre l’engagement des journalistes à respecter le code de déontologie qu’aura préparé le conseil de presse, lequel code devra concerner tous les journalistes indépendamment du média où ils exercent.

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De nouveaux contenus de convergence

Les présents ont débattu par la suite, des difficultés auxquelles sont confrontés les médias tunisiens du fait de l’imbrication entre journaux, radios et télévisions ayant donné lieu à de nouveaux contenus de convergence. Ils ont convenu qu’il était temps et urgent de réfléchir à un modèle économique adéquat et à un traitement des contenus qui doive se démarquer du traitement en usage. Le modèle économique actuel des médias se fondant sur les ventes (abonnements et publicités) n’est plus efficace en raison de la baisse des ventes et du rétrécissement du marché publicitaire.

Le directeur exécutif du Syndicat Tunisien des directeurs de médias Radhoune Charfi a appelé dans ce sens, l’État à soutenir les médias crédibles, professionnels faisant preuve de prémices de contenus de qualité et à réviser au plus les fameux décrets 115 et 116 en faisant participer les vrais professionnels à leur modification.

Le chercheur Chelbi a insisté sur l’importance de ne confier la responsabilité de la mesure des taux d’audience et de navigation qu’à une seule instance pour garantir la crédibilité des résultats.

La RNT (Radio Numérique Terrestre) supplantera incessamment la bande FM appelée à disparaitre

Chelbi a soulevé également la question de la radio numérique terrestre, RNT, dossier oublié en Tunisie, en rappelant que l’Afrique du Sud, en exemple, avait commencé à se préparer depuis longtemps à la fermeture de la bande FM et que le quart du pays était arrosé par la diffusion de la RNT alors que le dossier n’était même pas à l’ordre du jour en Tunisie. Mohamed Chelbi a rappelé qu’il existait des délais pour chasser les radios de la bande FM et que l’Union Internationale des Télécommunications n’attendrait pas les retardataires comme la Tunisie.

Les médias ont pour but final de produire un contenu de qualité et de servir, aux citoyens des informations correctes a-t-il dit. Et d’ajouter que des contenus crédibles constituaient  la plus importante des garanties pour instaurer la  démocratie dans le pays, et cela en se ferait pas sans un conseil de presse pour l’autorégulation des médias.

Création d’un Conseil de la Presse

Prenant la parole, le Président de la Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux, Taieb Zahar a annoncé qu’il était imminent d’annoncer la création du conseil de presse de Tunisie pour sauver le secteur du naufrage. Taieb Zahar a précisé que le conseil se chargerait de la mise sur pied d’un code déontologique commun à tous les journalistes. Il a insisté par ailleurs sur l’obligation faite à l’État de soutenir des journaux aux contenus de qualité pour animer le débat public. Le Président de la Fédération a énuméré les principales difficultés que rencontrent les médias de la presse écrite, dont les méthodes détournées utilisées par la presse jaune, des méthodes qui n’ont strictement rien à voir avec le professionnalisme ni avec la déontologie pour se faire d’énormes gains d’argent.

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Distribution et financement

Taieb Zahar a évoqué cette crise endémique de la distribution des journaux monopolisée par une seule personne depuis des décennies. Cette personne, a-t-il dit, était le distributeur de fait, privilégiant des journaux au détriment d’autres en fonction de ses penchants ou bénéfices. Il a appelé à un partenariat efficient pour une solution définitive quant à la distribution des journaux. Taieb Zahar a avoué qu’il craignait pour la pérennité du secteur tant que les parties concernées et l’État n’auraient pas rapidement réagi pour relancer le débat pour la mise en œuvre des solutions préconisées depuis des années et restées lettres mortes.

Prenant la parole, certains parmi l’assistance ont soulevé des questions relatives à la publicité publique et privée. Des pratiques piétinant la déontologie ont été signalées parmi lesquels des contrats passés entre certains journaux et des annonceurs stipulant argent contre silence (silence de complaisance). D’aucuns se sont plaints de la répartition de la publicité sur les sites d’information faisant valoir que cela ne se faisait pas souvent sur la base de la qualité des contenus. Un autre intervenant a appuyé ces dires en se référant à sa propre expérience, avouant que la qualité ne drainait pas de la publicité.

Mesures d’audience & Critères de classification

Mariem Zaoui (Ooredoo) a pour sa part affirmé que les méthodes en usage pour les mesures d’audience n’étaient pas efficaces et ne renseignaient pas sur la réalité des choses. Elle a appelé à s’inspirer de méthodes utilisées ailleurs pour une répartition équitable de la publicité, conforme au poids réel de chaque média.

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