IACE – Le néomercantilisme : vers la formation d’un nouveau système économique mondial

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La-Femme (nouveau système économique mondial) – Depuis plusieurs décennies, l’économie mondiale est en profonde mutation, sous l’effet de crises économiques récurrentes et de tensions géopolitiques croissantes. Ces bouleversements ont conduit les grandes puissances à repenser en profondeur leurs priorités économiques et leurs orientations stratégiques.

Dans ce contexte émerge le néomercantilisme : un modèle qui traduit la volonté croissante des États de renforcer leur souveraineté économique, technologique et politique. Cette dynamique s’incarne à travers l’adoption de politiques protectionnistes, le contrôle accru des technologies stratégiques, la sécurisation des ressources critiques et la recherche d’une plus grande autosuffisance nationale.

Historiquement, le mercantilisme s’est développé en Europe entre le XVIᵉ et le XVIIIᵉ siècle. À cette époque, la puissance d’un État se mesurait à la quantité d’or et d’argent qu’il détenait, ce qui a conduit de nombreux pays à privilégier les exportations au détriment des importations.

Les principales dimensions du néomercantilisme dans l’économie mondiale contemporaine

1. La maîtrise des technologies

Les technologies de pointe sont aujourd’hui au cœur des rivalités entre grandes puissances. Les stratégies néomercantilistes visent à développer une autonomie technologique en maîtrisant les secteurs clés, tout en imposant des restrictions strictes à l’exportation, notamment dans des domaines sensibles comme les semi-conducteurs. Parallèlement, plusieurs États limitent les acquisitions étrangères de start-ups opérant dans des secteurs stratégiques afin de préserver leur leadership et leur sécurité économique.

2. La protection des marchés

Face aux chocs économiques successifs et à l’instabilité géopolitique, de nombreux pays renforcent leurs mesures protectionnistes. Cela se traduit par des droits de douane élevés, des restrictions à l’importation ou encore des incitations à la production locale, dans le but de réduire la dépendance aux produits étrangers.

3. Le contrôle des décisions politiques

Sur le plan institutionnel, les grandes puissances cherchent à limiter l’influence des organisations internationales sur leurs choix souverains. Elles privilégient des approches unilatérales ou des accords bilatéraux plus souples, qui leur permettent de défendre leurs intérêts stratégiques. Dans ce cadre, elles mobilisent aussi des leviers économiques ; comme les investissements, les prêts ou les échanges commerciaux ; pour influencer les pays en développement.

4. La sécurisation des ressources naturelles

L’accès aux ressources naturelles, notamment l’énergie et les minerais rares, représente un enjeu central dans la logique néo-mercantiliste. Les grandes puissances multiplient les investissements dans les régions riches en ressources, en particulier en Afrique, en Asie et en Amérique latine, tout en réorganisant les chaînes d’approvisionnement mondiales pour réduire leur dépendance extérieure.

5. Le contrôle des flux financiers

Les instruments financiers jouent un rôle croissant dans les rapports de force économiques. Les grandes puissances utilisent les prêts, l’aide au développement et les investissements ciblés pour orienter les politiques économiques d’autres pays. Elles restreignent aussi l’accès des capitaux étrangers à certains secteurs sensibles, tout en renforçant leurs propres outils de financement, tels que les fonds souverains ou les institutions financières publiques.

La nouvelle politique américaine: du libéralisme au néomercantilisme

La politique économique actuelle des États-Unis constitue un exemple emblématique de la dynamique néo-mercantiliste à l’œuvre. Le pays a opéré une transition marquée, passant d’une approche fondée sur le libre-échange et le libéralisme économique à une stratégie recentrée sur la protection des intérêts nationaux, dans un contexte de fortes tensions économiques et géopolitiques.

Dans cette logique, les États-Unis ont imposé en avril 2025 des droits de douane sur les importations en provenance d’une soixantaine de pays, ciblant des secteurs stratégiques tels que l’acier, l’aluminium et les technologies de pointe. Parallèlement, l’Union européenne a intensifié son soutien à ses industries clés et renégocié plusieurs de ses accords commerciaux.

Cette réorientation vise à protéger l’économie nationale face à la concurrence étrangère, à réduire le déficit commercial et à encourager la relocalisation de la production industrielle. Elle s’inscrit pleinement dans les principes du néomercantilisme : recherche d’excédents commerciaux, protection des secteurs stratégiques et renforcement de la puissance économique nationale.